La magnificence est un caractère obligatoire des élites et tout particulièrement des gouvernants dans l’Europe de la Renaissance et de l’âge baroque. La quête du prestige ne passe plus seulement pour les princes par la gloire militaire, et le mécénat atteste de leur supériorité intellectuelle. Loin d’être une activité gratuite, l’instrumentalisation des arts contribue à façonner un imaginaire de l’autorité entraînant l’adhésion des peuples.
Recensant les pratiques et les lieux de la représentation, ce livre expose les stratégies figuratives de la monarchie française, soit l’instrumentalisation des arts durant la période de construction de l’absolutisme. Si la réalité effective de ce concept est aujourd’hui mise en doute, ou du moins discutée, sa réalité fantasmée est peut-être la plus grande réussite des rois de France, de François Ier à Louis XIV…
On examinera ici les stratégies de la représentation à travers la création d’une imagerie sur tous les médias possibles (gravures, tableaux, programmes iconographiques, tapisseries, statuaire, médailles…), l’efficace propre et la réception de cette imagerie, c'est-à-dire son fonctionnement, les lieux de la représentation monarchique, les résidences royales , notamment leurs galeries, de Fontainebleau à Versailles en passant par le Louvre, les icônes royales ( tableaux et statues) et le « culte » à elles rendu, enfin la mise en scène et les rituels des apparitions royales. Le propos est bien la relation organique, non le simple accostage, entre art et pouvoir, la puissance des arts — et leur limite — aux temps où être c’était paraître.